40 cm, c'est beaucoup ?

Discussions théoriques sur l'architecture navale

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SVS
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40 cm, c'est beaucoup ?

Message non lu par SVS »

Meeuuh non, c'est pas ce que vous croyez ! :roll: C'est une question sérieuse pour un forum de bonne tenue :

Dans mes délires conceptuels, je cherche à dessiner une carène mixte voile-moteur pour un promène-couillons (balade à la journée pour 4-5 personnes).
Longueur 5.5m environ, largeur 2.2m, déplacement 900kg.

Les contraintes d'habitabilité ainsi que la performance au moteur commandent un tableau arrière large. Comme les entrées sont, au contraire, fines, la carène est déséquilibrée à la voile. A 25° de gîte, le centre de flottaison recule de 40cm, soit environ 8% de la longueur à la flottaison, et soit aussi (à peu près) la distance entre le centre de flottaison et le centre d'effort (le bateau devient donc mou, et il faut compenser à la barre).

D'où ma question : 40cm (8%), c'est beaucoup ? trop ? Existe-t-il des abaques en la matière ?
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ronanm
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Message non lu par ronanm »

À moins que tu mettes papy et mamie au rappel sur le tableau avec leurs petits enfants sur les épaules? ton centre de carène ne pourra pas reculer d'autant! Ce qui va se passer en vrai, c'est qu'au fur et à mesure que le bateau va giter, le centre de gravité évoluant peu ou pas, l'avant va s'enfoncer et le centre de dérive avancer. le centre de carène restera à la verticale du centre de gravité, à moins que tu navigue avec l'arrière du bateau en eau salée et l'avant en eau douce (ou l'inverse). À la gite, ton bateau va devenir sacrément ardent, le centre de gravité ne pouvant reculer beaucoup (voir phrase 1), le centre de carène ne bougera pas ou peu, l'avant s'enfoncera, le centre de dérive avancera, ce phénomène sera aggravé par la disymétrie de carène, cela, peut rendre un bateau tout à fait incontrôlable à partir de 15 à 20° de gite. Si ce n'était pas le cas, nous pourrions dessiner (et surtout faire naviguer!) des voiliers aux entées d'eau très fines, avec de gros culs bien porteurs pour supporter un cockpit accueillant. Ça n'est pas le cas, cela explique la marche supérieure des bisquines (leur fort volume avant font qu'elles se barrent avec deux doigts même surchargées de toile) et la bonne marche au près des bateaux "avec un joli petit cul à faire des frites".
Jean Kerleau, un vieux charpentier à qui je dois beaucoup (Vivier aussi) disait: "fort de l'avant va de l'avant, fort de l'arrière reste en arrière". Cela est d'autant plus vrai que le bateau est lourd et long, sur les petits un barreur (très) musclé peut compenser. Pour l'anecdote, on peut noter que des architectes comme Finot ont réussi à dessiner des bateaux à cul large et centre de carène assez avancé pour obtenir des bateaux qui décentrent leur plan de flottaison à la gite tout en restant manœuvrables: ces bateaux ont généralement peu de volume immergé à l'arriére...
le moteur, tu le gardes, c'est une sécurité. Mais l'hélice, tu la vires, ça freine trop!
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SVS
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Message non lu par SVS »

Bonsoir Ronanm,

Merci pour ta réponse...mais tu n'as pas répondu !

Il est bien évident que le centre de flottaison et le centre de gravité restent alignés, ça c'est Archimède !
Quand je dis que le centre de flottaison recule, c'est en partant du principe que l'assiette du bateau ne change pas. Dans la réalité, elle va effectivement changer, le bateau plongeant du nez à la gîte (ou plutôt soulevant son arrière, au risque de faire sortir le safran de l'eau). Le bateau affale et, tant que le safran est dans l'eau, il faut compenser en poussant la barre (je pense d'ailleurs que c'est ce qu'on appelle "mou" plutôt "qu'ardent").
Ca, ce sont les lois de la physique qui, par définition, s'appliquent à tous les bateaux dont la carène n'est pas symétrique sur l'axe transversal (donc, grosso modo, tous les bateaux sauf les pointus).
Pour des raisons d'habitabilité, les voiliers ont généralement un c.. plus gros que leur avant. C'est donc qu'il y a une marge de manoeuvre au niveau du design. Et c'est là ma question : quelle est cette marge de manoeuvre ? De combien, au maximum, peut-on "déséquilibrer" une carène au profit de l'arrière, tout en maintenant sa manoeuvrabilité (et le confort à la barre) ? Peut-être le ratio que je recherche ne s'exprime-t-il pas en cm de déplacement du centre de flottaison (par exemple, j'ai entendu parler de l'analyse de Rayner). Je suis à la recherche de tout point de repère en la matière...
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ronanm
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Message non lu par ronanm »

Ton bateau sera ardent!!
pour compenser cette disymétrie, tu devras tirer sur ta barre (si ru es assis ou arc-bouté au vent). Pour savoir jusqu'ou aller trop loin, pas de formules, ou tellement approximatives... Gutelle parle dans le premier tome de la première édition de" Architecture du voilier" de la méthode de ... Je sais plus qui! Mais c'est pour montrer son simplisme (même si je sais qu'elle a donné au moins autant de bon résultats que de mauvais) et ses limites. Si un bateau pouvait se dessiner par le calcul, il y a longtemps que le métier d'architecte aurait disparu ou que de petits jeunes dameraient toujours le pion aux vieux de la vieille. Tout ça est à expérimenter, quand on débute, il faut rester dans des valeurs normales. À ce sujet consulter les "à la barre" de la revue bateaux, du temps où c'était un vrai journal, trente-cinq ans d'architecture navale.
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