Enrouleur de foc sur bateau ancien

Ici l'on parle des techniques anciennes de construction.
Avatar de l’utilisateur
jipydi
Mousse
Mousse
Messages : 16
Inscription : 25 avr. 2010 14:40

Enrouleur de foc sur bateau ancien

Message non lu par jipydi »

Bonsoir,

Etant nouveau sur le site, je vais me présenter brièvement : J'ai passé la cinquantaine et je suis propriétaire d'un voilier en bois d'arbre de 8m25, construit en Hollande au début des année 30. Je suis belge mais j'ai navigué exclusivement en France, côte atlantique. Le navire est cependant malheureusement "au sec" depuis plusieurs années, mais j'espère me mettre à l'oeuvre pour le remettre tout doucement en état.

La question que je me pose actuellement est la suivante :
Lors d'un passage récent en Bretagne j'ai vu une réplique de bateau ancien (tout début 20e) qui était équipé d'un enrouleur de foc en bois; c'est à dire que le profilé d'alu ordinairement utilisé sur un voilier moderne était remplacé par un espar en bois dans lequel est enfilé l'étai et qui est équipé d'un tambour à sa base pour recevoir la drosse d'enroulement. Le foc ne possède pas de drisse; il est fixé en début de saison sur l'espar. Le patron du canot m'a affirmé qu'il s'agissait d'un dispositif conforme au modèle d'origine.

Quelqu'un peut-il me dire si ce dispositif était fréquent en France au début du 20e siècle et surtout si des membres ont connaissance d'un dispositif similaire en usage en Hollande à l'époque de construction de mon bateau? Pour diverses raisons je verrais bien ce système en place sur mon unité mais je tiens à lui garder son esprit d'origine.

Merci de m'aider de votre science et de vos expériences.
Avatar de l’utilisateur
monokeros
Matelot
Matelot
Messages : 27
Inscription : 07 janv. 2010 16:00

Message non lu par monokeros »

pour la Hollande, je ne sais pas ...
mais sur le Golfe du Morbihan, Maïta offre un bel exemple de ce dispositif :
http://www.arzon.fr/pagesassociations/S ... SMAITA.htm

@ voir peut-être aussi du côté du CVP ou Sequana avec les travaux de Caillebotte
Avatar de l’utilisateur
jipydi
Mousse
Mousse
Messages : 16
Inscription : 25 avr. 2010 14:40

Message non lu par jipydi »

Merci pour la réponse.

C'est justement sur Maïta que j'ai pu observer le dispositif en question; existe-t-il sur d'autres unité?
Avatar de l’utilisateur
sly
Second
Second
Messages : 1778
Inscription : 30 avr. 2007 15:47
Localisation : Aix les bains / Saint Raphael
Contact :

Message non lu par sly »

On trouve également de tels dispositifs sur un certain nombre de séries de quillards allemands, comme ce 20m² Jollenkreuzer de 1955 :

http://www.bootsservicedoehla.de/Bilder ... R133_1.JPG

Ce 20 m² Rennjolle de 1926 :

http://www.bootsservicedoehla.de/Bilder ... Z234_1.JPG

Sans oublier le fünfzehn quadratmeter jollenkreuzer de notre ami to !

Pour les séries hollandaises, que je connais moins bien, il me semble que l'on trouve parfois ce genre d'enrouleurs sur certains vieux 30 m² Sherenkruisser, une classe de quillards né dans les années 30 : http://farm3.static.flickr.com/2438/361 ... 8b3df2.jpg

Je rajoute qu'il est absolument nécessaire d'avoir une drisse ou au moins un hook sur un tel système, pour la sécurité : un enrouleur peu connaitre une avarie (le plus souvent, rupture de la drosse d'enroulement, y compris au mouillage, d'ailleurs) et il est impératif de pouvoir affaler rapidement dans un cas pareil.
Mmmh, tu vois, Tuco, le monde se divise en deux catégories : Ceux qui ont un pistolet chargé, et ceux qui creusent. Toi, tu creuses... An-y-An-y-An...Ouin, Ouin, Ouin...
Avatar de l’utilisateur
monokeros
Matelot
Matelot
Messages : 27
Inscription : 07 janv. 2010 16:00

Message non lu par monokeros »

je sais pas pourquoi j'ai ça en tête ...
mais faudrait demander à l'asso Sequana si le système n'a pas été testé sur un 30m² du CVP (Lézard et Roasbeef, je crois pas)

Sequana
La Gare d'Eau - Quai Wattier
Ile des Impressionnistes
78400 Chatou

06 12 10 29 47
http://www.sequana.org/
Avatar de l’utilisateur
sly
Second
Second
Messages : 1778
Inscription : 30 avr. 2007 15:47
Localisation : Aix les bains / Saint Raphael
Contact :

Message non lu par sly »

Les 30 m² CVP portaient (portent...) un foc amuré sur bout-dehors. Or, le système d'enrouleur rigide n'est pas compatible avec un tel gréement.

En effet, l'espar en bois autour duquel le génois s'enroule est structurel : il reprend les efforts du mat autant en traction (comme un étais, au près) qu'en compression (il remplace alors les bastaques, au portant). Or, si le bout dehors est apte à transférer les efforts en traction par sa sous barbe, il faudrait que celle-ci soit rigide pour supporter les efforts en compression, avec de toute façon un angle de travail défavorable.
Mmmh, tu vois, Tuco, le monde se divise en deux catégories : Ceux qui ont un pistolet chargé, et ceux qui creusent. Toi, tu creuses... An-y-An-y-An...Ouin, Ouin, Ouin...
Avatar de l’utilisateur
Luc
Second
Second
Messages : 1833
Inscription : 02 juil. 2009 08:49
Localisation : Mayenne
Contact :

bouche bée

Message non lu par Luc »

Je ne répondrai pas à notre ami belge; je n'y connais rien.
Mais je voulai juste dire que quand je vous lit j'en reste bouche bée de tant de conniassances et de précision dans l'exposé des données techniques, historiques et autres.
Chapeau bas pour vous mes seigneurs bateauboisiens.
mon dius, fasetz-me la graacia de plan viure a de plan morir
Avatar de l’utilisateur
jipydi
Mousse
Mousse
Messages : 16
Inscription : 25 avr. 2010 14:40

Message non lu par jipydi »

Merci déjà pour ces réponses; j'espère que d'autres info viendront s'y ajouter. Je vais déjà étudier les liens qui m'ont été envoyés. Mon souci est de garder mon bateau dans l'esprit de son époque et des usages de sa région d'origine.

En ce qui concerne l'affalage du foc, il n'est apparemment pas possible sur Maïta, celui que j'ai pu voir. Cependant, l'étai, est lui-même frappé sur une sorte de drisse passant par une poulie en tête de mat et qui est raidie en pied de mat par un ridoir; cela permet sans doute, en cas d'urgence, d'affaler le foc mais alors on n'a plus d'étai. Ce système a certainement fait ses preuves et a été monté au chantier du Guip, bien connu pour leur sérieux. Les autres points qui me "titillent dans ce système sont les suivants:

1° la poulie en tête de mat supporte la tension de l'étai et je suppose qu'elle fait l'objet d'une surveillance toute particulière;

2° L'étai est en fait constitué de 2 brins dont un est ramené en pied de mat (1 brin sur l'avant du bateau, 1 en pied de mat); de ce fait, l'angle de traction de l'étai doit correspondre à la bissectrice de l'angle formé par les 2 brins de l'étai et être donc moins favorable.

Bien content d'avoir trouvé ce forum :o)
Avatar de l’utilisateur
sly
Second
Second
Messages : 1778
Inscription : 30 avr. 2007 15:47
Localisation : Aix les bains / Saint Raphael
Contact :

Message non lu par sly »

Attention, sur les systèmes que j'ai évoqué, il n'y a pas d'étai, c'est l'espar en bois qui reprend les efforts de traction. De plus sur les enrouleur plus moderne, l'étai est à l'intérieur du tube, donc invisible.

Par contre je me répète, une drisse est absolument OBLIGATOIRE et la possibilité d'affalage est FORCEMENT prévue ! C'est une question de sécurité, ça n'a rien de compliqué, et je ne connais AUCUN système qui ne le permettent d'une façon ou d'une autre.

Alors question subsidiaire : Ce que tu prends pour un étai qui passe par une poulie (Un étai qui passe dans une poulie ????), qui redescend le long du mat (un étai est fixe !!!! Sinon, cela s'appelle une ralingue) ne serait-il pas tout simplement une drisse en câble ?

Si tu veux mon avis, prend quelques photos du système car je ne suis pas absolument certain que tu ais bien tout compris comment ça marche...

Et pour Luc : "Tu vois, Luco, le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont beaucoup lu sur l'architecture et les séries anciennes , et ceux qui font partager leur expérience de la construction de bateaux en vrai bois. Toi, tu construits..... An-y-An-y-An...Ouin, Ouin, Ouin..."
Mmmh, tu vois, Tuco, le monde se divise en deux catégories : Ceux qui ont un pistolet chargé, et ceux qui creusent. Toi, tu creuses... An-y-An-y-An...Ouin, Ouin, Ouin...
Avatar de l’utilisateur
monokeros
Matelot
Matelot
Messages : 27
Inscription : 07 janv. 2010 16:00

Message non lu par monokeros »

suis à 100% d'accord : question de sécurité que de pouvoir affaler à tout moment !
(pour moi inimaginable sans drisse)

J'ai navigué une petite journée, y'a plus de 15 ans, sur Maïta ... et j'avoue ne pas avoir fait gaffe au système en question.

Celui qui pourra peut-être te renseigner : Paul Bonnel du Chantier du Guip à l'Île aux Moines. Faut essayer entre 16h00 et 17h00 je crois. (mais le M. est svt très pris)
Avatar de l’utilisateur
jipydi
Mousse
Mousse
Messages : 16
Inscription : 25 avr. 2010 14:40

Message non lu par jipydi »

monokeros a écrit :suis à 100% d'accord : question de sécurité que de pouvoir affaler à tout moment !
(pour moi inimaginable sans drisse)

J'ai navigué une petite journée, y'a plus de 15 ans, sur Maïta ... et j'avoue ne pas avoir fait gaffe au système en question.

Celui qui pourra peut-être te renseigner : Paul Bonnel du Chantier du Guip à l'Île aux Moines. Faut essayer entre 16h00 et 17h00 je crois. (mais le M. est svt très pris)
Je suis formel, le système m'a été expliqué par un équipier navigant régulièrement sur Maïta et même occupé à son entretien et qui m'a même envoyé des photos: le foc est amuré sur un anneau fixé au tambour et le "point de drisse" est ligaturé sur un anneau soudé sur le morceau de tube cerclant l'extrémité supérieure de l'espar. Ce dernier comporte une gorge entre les 2 points d'accroche qui forme chemin pour la ralingue de la voile (sans pour autant la retenir). Le foc est tenu tout le long de l'espar par un transfilage à demi-clés. Il n'y a donc aucune drisse pour le foc qui est installé à demeure.

Il faut dire que Maïta a été conçu pour la navigation dans le Golfe et que l'affalage du foc "à la hussarde" ne doit pas se produire souvent.
Avatar de l’utilisateur
monokeros
Matelot
Matelot
Messages : 27
Inscription : 07 janv. 2010 16:00

Message non lu par monokeros »

bon, ok
c'est sûr, difficile d'affaler avec des demi-clefs serrées ...

à surveiller très régulièrement alors :
- usure sur la drosse d'enroulement
- usure sur le tambour

as-tu gardé qq coordonnées de cet équipier ?
Avatar de l’utilisateur
sly
Second
Second
Messages : 1778
Inscription : 30 avr. 2007 15:47
Localisation : Aix les bains / Saint Raphael
Contact :

Message non lu par sly »

Pourquoi irait-on creusé une ralingue dans un espar, pour ensuite réaliser un transfilage ?
En quoi la navigation dans le Golfe du Morbihan protégerait-elle des avaries d'enrouleur ?

Tout cela n'a ni queue ni tête, je suis désolé. Chantier du Guip ou pas, Il me semble que ces fameuses photos soient tout à fait nécessaire pour éclaircir ton histoire.

Et puis au chapitre faites le vous même, je me suis renseigné sur le dit bateaux, un "Fin-Kell de 1 tonneau répondant à la jauge des 6 m JI (jauge de 1899)" (Site du Guip), un "1 tonneau du Golfe" (site du patrimoine maritime et fluvial), un "monotype du Golfe du Morbihan" (Site dudit navire.)

Tout connaisseur de l'histoire du yachting ne peut que se gausser des ses appellations toutes plus fantaisistes les unes que les autres.

- Fin-kell n'existe pas, c'est fin-keel (ce qui signifie aileron-quille)
- La JI (jauge internationale) date de 1907. J'ai du mal à croire qu'on ait pu dessiner un bateau en fonction d'une jauge apparue 8 ans plus tard...
-Si 1899 a été prolixe en création de monotype, nulle part il n'est fait mention d'un quelconque monotype du golfe du Morbihan.

Il est probable que ce bateau ait été dessiné comme un des premiers 1 tonneau jauge Méran (adoptée en mai 1899 et mise en service le 1er janvier 1901). D'après les quelques photos que j'ai pu glaner ça et là, il me semble gréer de façon tout à fait traditionnel (avec le foc endraillé et avec une DRISSE !)
Mmmh, tu vois, Tuco, le monde se divise en deux catégories : Ceux qui ont un pistolet chargé, et ceux qui creusent. Toi, tu creuses... An-y-An-y-An...Ouin, Ouin, Ouin...
Avatar de l’utilisateur
traoumad
Capitaine de bateau lavoir
Capitaine de bateau lavoir
Messages : 618
Inscription : 27 févr. 2010 17:59
Localisation : Estuaire de Charente (17)/ rade de Brest (29)

Message non lu par traoumad »

+1 sly ! mon cornu (sloop) est gréé avec un enrouleur de foc :roll:
surement pas d'orig' , je n'en suis pas encore là , mais a terme , je le
regréérais a l'ancienne . un enrouleur sur un tel bateau ( aussi pratique soit 'il ), je trouve que ça craint , pourquoi pas un mat carbone et un foïl tant
qu'on y est !
brochetage ,débit, ajustage,rivetage ... Qu'es ce qu'on se marre !
Avatar de l’utilisateur
monokeros
Matelot
Matelot
Messages : 27
Inscription : 07 janv. 2010 16:00

Message non lu par monokeros »

je viens de ressortir un magnifique bouquin de mes étagères :
- Yachting en Morbihan, par Pierre-Yves Dagault, François Puget et Jean-Michel Viant.
Ce livre est remarquable ! moi, il me donne des envies de millionnaire ...!

Une belle place est consacrée à Louis Dyèvre.

Par ex, page 6, on cite les différentes jauges de 1884, puis 1889, puis celle dite " de Jauge de 1892" avec les Un Tonneau, 2,5 tx, 5, Tx
Louis Dyèvre a, semble-t-il voulu défendre l'aspect économique des bateaux à construire (représentant du yachting français au congrès de Londres en 1906, qui a pondu les JI, il a ensuite participé au Handicap Breton devenu National, au développement des 6,50mSI et 8,50mSI)

Pour Maïta, trois double pages lui sont consacrées ... de bien belles photos, mais un peu trop larges pour y voir l'espar en question.

On voit également dans ce lire d'autres Un-Tonneau équipés d'un tel enrouleur.

autre info, Dièvre aurait été très proche de Guédon.
Répondre